"Faire partie de la kehila Bnei torah : c'est étudier ensemble, prier ensemble, se réjouir ensemble pour ne jamais cesser de grandir individuellement."

Le décompte du ‘omèr, ou de la prime enfance à la maturité

Written by admin on 25 avril 2013. Posted in Articles

Le deuxième jour de Pessa‘h – 16 nissan – nous entamons le décompte des quarante-neuf jours du ‘omèr, aboutissant à Chavou‘oth.

Cette supputation nous a été enjointe par Hachem (Wayiqra 23, 15) : « Vous compterez pour vous – du lendemain de la fête, du jour où vous aurez apporté le ‘omèr du balancement – sept semaines ; elles seront complètes. »

Expliquant les motifs des commandements et leurs modalités d’application, le Séfèr ha-‘Hinoukh commente ainsi cette mitswa : Le principe vital d’Israël est la Tora, en vue de laquelle ont été créés le ciel, la terre, et Israël lui-même, comme Dieu l’a attesté (Yirmeya 33, 25). Telle est la raison pour laquelle il a été délivré de l’Egypte ; afin d’accepter la Tora au mont Sinaï et d’observer ses commandements, comme Hachem l’a signifié à Moché au Buisson ardent (Chemoth 3, 12) : « Quand tu feras sortir le peuple de l’Egypte, vous servirez Dieu sur cette montagne. »

La Tora étant le principe vital en vertu duquel nous sommes devenus Son peuple, il nous est enjoint, dès le lendemain de Pessa’h – jour de notre libération de l’esclavage, et par là même, de notre « naissance » nationale – de compter les jours et les semaines nous menant à Chavou‘oth, anniversaire du don de la Tora. Ces sept semaines représentent donc la période de notre « maturation », depuis notre émergence jusqu’à notre engagement à respecter l’alliance qui a conditionné notre existence.

Autrement dit, cette époque nous a permis de passer de l’enfance à l’âge adulte.

En hébreu, le mot gadol désigne le « grand », mais aussi la personne « majeure », désormais capable d’organiser sa vie avec constance et cohérence. Gadol est issu de gad, qui dénote la continuité. En cela, il s’oppose au qatan – « petit » – dérivé de qat, connotant la qit‘iyouth, la « fragmentation » et la discontinuité.

La vulnérabilité de l’enfant ne réside pas tant dans l’immaturité intellectuelle ou rationnelle que dans l’incapacité à la persistance dans les actes et pensées, dans les humeurs et l’aptitude décisionnelle. A l’inverse, l’adulte s’attache à imprimer une stabilité à sa vie et une cohérence à ses actes, pour leur conférer une consistance et une valeur. Car un acte louable, mais isolé et sans lendemain, ne compte guère, et les grandes décisions restées sans suite ne résistent pas à l’érosion du temps.

Etre gadol, c’est donc être capable d’unifier et d’harmoniser tous les instants de notre vie, et de les faire fusionner en authentiques réalisations, en une expérience cohérente et édifiante.

De même le fait de « compter » revient-il à transformer des chiffres en un nombre, à « souder » des unités distinctes en un même faisceau. En « comptant » les jours du ‘omèr, nous les plaçons dans une même progression menant au but exclusif de notre naissance, et sur laquelle nous acquérons la maturité nécessaire pour accepter dûment la Tora.

Compter les jours depuis Pessa’h jusqu’à Chavou‘oth revient à prendre conscience de ce que doit être notre véritable « émancipation » – selon les deux acceptions de ce terme : notre passage de l’esclavage à la liberté, et celui par lequel nous quittons notre statut de qatan (« mineur ») pour assumer de notre propre chef notre acceptation de Son alliance.

Profitons donc de cette période pour y poser les jalons indispensables à l’acquisition de notre « majorité », pour y devenir des adultes, capables de nous diriger nous-mêmes dans la vocation qui est celle de notre peuple !

Rav Dov Roth-Lumbroso

La chira – L’hymne national

Written by admin on 22 janvier 2013. Posted in Articles

Le premier exil vécu par nos ancêtres – en Egypte – et la grande délivrance qui y a mis fin sont annonciateurs de notre future et ultime rédemption qui clôturera notre exil actuel parmi les nations. Ils sont également révélateurs de la manière dont nous devons nous comporter parmi les non-Juifs et dont nous pouvons hâter cette libération que nous guettons si ardemment.

Notre émergence nationale – notre naissance en tant que « peuple » – a eu lieu en Egypte, autrement dit, en terre étrangère où, selon nos Sages (Sifri), les valeurs prônées et les qualités en vogue étaient diamétralement opposées à celles du judaïsme. Or, cela est étonnant. Pour quelle raison notre peuple a-t-il vu le jour précisément au cœur de cette civilisation ?!

Pour le Maharal, les Egyptiens symbolisent la matérialité – le ‘homèr – alors que les enfants d’Israël ont dû forger leur identité de ‘am ha-tsoura : « le peuple de la forme ». Autrement dit, ils ont dû générer toutes les défenses et immunités nécessaires pour se préserver des valeurs vaines et futiles prônées par l’Egypte. C’est seulement ainsi qu’ils ont pu s’en affranchir, qu’ils ont libéré leur esprit pour lui rendre son authentique dimension et devenir enfin eux-mêmes.

Moché fut ainsi nommé par Bithya, fille de Pharaon, après qu’elle l’eut sauvé de la noyade réservée aux garçons nouveau-nés : « … car je l’ai tiré (mechithihou) des eaux » (Chemoth 2, 10). Moché représente « la forme par excellence » : En effet, l’eau, pourtant dénuée de forme, épouse parfaitement celle de son récipient. C’est donc une fois qu’il a été extirpé de celle-ci que Moché est devenu apte à affranchir son peuple de l’esclavage de l’esprit, puis de celui du corps qui sévissaient tous deux en Mitsrayim (Egypte) – ce nom étant formé des mêmes lettres que meitsarim : « les étaux ».

Dans la section de Bechalla‘h, nous lisons le récit de l’ouverture de la mer de Joncs. Cet éloignement miraculeux de l’eau – « forme par excellence » – a finalisé la délivrance des enfants d’Israël, et c’est seulement à ce moment qu’ils ont pu entonner la chira, le cantique de reconnaissance à Hachem. En effet, il n’avait pas suffi de quitter cette plus grande prison du monde qu’était alors l’Egypte, car aussitôt ensuite, rapporte la Tora (Ibid. 14, 10) : « Voici l’Egyptien partant après eux ! » « L’Egyptien », à savoir l’identité égyptienne et toutes les valeurs qu’elle véhiculait, ce sont elles qui poursuivaient encore les enfants d’Israël qui n’en étaient pas encore réellement libérés. C’est uniquement dans l’épreuve, quand ils se sont retrouvés ainsi talonnés face à la mer, qu’ils se sont tournés vers Hachem. C’est à ce moment qu’ils ont fait preuve d’une totale abnégation et se sont sentis véritablement libres – en leurs corps et en leurs esprits. Ils ont alors ont été en mesure de chanter la chira, représentant le plus haut niveau d’expression par laquelle l’âme extériorise pleinement les sentiments qui l’habitent, et qu’ils ont pu témoigner leur gratitude à Hachem pour cette libération.

De la même manière, attendre notre future délivrance et nous y préparer efficacement, cela signifie forger et renforcer notre identité juive envers et contre tous les courants et les modes, nous protéger contre les agressions extérieures en « sortant de l’eau » afin d’acquérir notre Moché – « tiré des eaux » – et de mériter notre ultime Rédemption. Puissions-nous y assister très bientôt, Amen !

Rav Dov Roth-Lumbroso

‘Hanouka – de la transmission au miracle

Written by admin on 20 novembre 2012. Posted in Articles

En ce mois de kislev¸ tentons de cerner ce que nous nous apprêtons à commémorer lors de la fête de ‘Hanouka.

Elle a été fixée en souvenir du miracle de la fiole d’huile d’olive pure qui a brûlé huit jours au lieu d’un, et qui a ainsi laissé le temps d’en préparer une nouvelle pour l’allumage de la menora (Chabbath 21b). Mais la victoire remportée par la poignée d’Hasmonéens sur la puissante armée grecque n’a-t-elle pas été plus décisive ?! D’autant que seuls les prêtres ont été les témoins du prodige de l’huile, alors que la nouvelle du triomphe des Hasmonéens s’est certainement propagée comme une trainée de poudre au sein de l’humanité !

Une fête est instituée à l’appui d’un phénomène surnaturel, affirment nos Sages. Or, la victoire des Hasmonéens peut s’expliquer par des arguments logiques, alors que le miracle de l’huile demeure irrationnel. Voilà pourquoi il a déterminé l’établissement de ‘Hanouka. Survenu dans la réalisation d’une mitswa, il a permis de comprendre que tous les événements sont dus à la seule aide divine, et de ressentir Sa présence à chaque pas. Les Juifs ont alors saisi que le combat contre les Grecs était, plus qu’un engagement physique à l’encontre d’un projet de destruction, un combat idéologique contre ceux qui voulaient imposer à tous leur philosophie et enrayer la pratique des mitswoth. Ce sont les Grecs également qui ont commandité la célèbre Septante : la traduction en grec de la Tora par 70 (ou 72) sages d’Alexandrie. En la vulgarisant ainsi, ils ont brisé le lien privilégié qui nous unissait à Hachem. Les Juifs ont alors compris qu’après avoir gagné le conflit militaire, ils devaient encore remporter le combat idéologique : se protéger de l’influence helléniste et retrouver leur relation privilégiée avec Dieu. Et c’est justement grâce à cette fiole d’huile qu’ils ont atteint cet objectif : ce phénomène surnaturel ayant permis l’accomplissement d’une mitswa a été suscité par leur proximité « rétablie » avec Hachem. Une année durant, ils ont renforcé la transmission de maître à élève – la « Tora orale » – et ont restauré leur lien unique avec Lui. Car tel était le seul moyen de vaincre leurs adversaires, et leur victoire contre les Grecs, à ‘Hanouka, a consisté à renverser l’hellénisme par la sagesse de la Tora, symbolisée par l’huile de la menora.

Par l’étude, nous avons gagné le combat idéologique contre les Grecs, et un an après notre victoire « physique », les Sages ont fixé la fête de ‘Hanouka dans notre calendrier. Si nous continuons de la célébrer, c’est parce qu’elle nous concerne encore. En effet, ‘Hanouka est la fête de la loi orale, transmise par Hachem à Moché au mont Sinaï, puis de génération en génération pour nous protéger des agressions extérieures, et pour maintenir en notre faveur le lien unique qui nous rattache à Lui. Chacun de nous a son propre rôle à jouer dans cette transmission, selon ses aptitudes et sa personnalité.

Notre peuple était composé originellement de 600 000 âmes, qui forment le pendant des 600 000 lettres de la Tora. Tout comme celle-ci est un tout indissociable, de même sommes-nous indéfectiblement liés les uns aux autres : Nous tous avons notre rôle à jouer dans l’étude et la diffusion de la Tora, symbolisée par les lumières de ‘Hanouka. En cette période de difficultés et de bouleversements pour notre peuple, attachons-nous à transmettre la Tora à nos enfants et à ceux qui nous entourent, et puissions-nous assister à Ses prodiges ! Amen !

Rav Dov Roth-Lumbroso

L’arc-en-ciel : un appel à « refermer le cercle »

Written by admin on 22 octobre 2012. Posted in Articles

Après avoir mis fin au déluge et avoir enjoint de quitter l’arche aux rescapés du premier génocide de l’histoire, Hachem établit Son alliance avec Noa‘h et l’humanité « renaissante ». Il S’engagea alors à ne plus jamais submerger la terre entière et le genre humain dont elle est porteuse, et donna pour cela un signe (Beréchith 9, 12-15) : « Ceci est le signe de l’alliance que Je place entre Moi et vous […] pour les générations, à jamais. J’ai mis Mon arc dans le nuage ; il sera signe d’alliance entre Moi et la terre […] et les eaux ne deviendront plus un déluge… »

Rappel de cette alliance contractée après l’anéantissement de la quasi-totalité de l’humanité, l’arc-en-ciel, malgré son caractère prodigieux, n’est donc pas un « bon signe », mais un avertissement. Citant le Midrach, Rachi explique que dans l’expression « pour les générations » (ledoroth), le mot doroth est écrit sans waw car elles n’en auront pas toutes besoin, notamment celles qui compteront des justes, comme les générations du roi ‘Hizqiya et de Rabbi Chimon bar Yo‘haï, où aucun arc-en-ciel n’a été vu. Lorsqu’il apparaît, nous le regardons donc sans nous y attarder (Choul‘han ‘Aroukh) pour pouvoir prononcer la bénédiction de circonstance, tout en évitant de le montrer aux autres (‘Hayé Adam). Mais pourquoi une telle retenue ?

En réalité, Hachem n’a pas infligé le déluge en tant que « punition », mais parce qu’Il a regretté d’avoir suscité la création telle qu’elle était au moment où Il a dit (Beréchith 6, 7) : « J’effacerai l’homme que J’ai créé […] depuis l’homme jusqu’à la bête […] car Je regrette  de les avoir faits. » Ne transposons toutefois pas cette idée à notre piètre niveau, et sachons que la génération qui a précédé le déluge était dotée de capacités – intellectuelles et physiques – extraordinaires, que nous ne pouvons appréhender, ni même décrire. Les hommes ne connaissaient alors ni faiblesse, ni maladies, et certains vivaient près d’un millénaire (cf. Beréchith chap. 5). C’est après le déluge que les défaillances physiques ont fait leur apparition et que l’espérance de vie a diminué. Dans l’annonce du déluge faite par Dieu à Noa‘h (6, 13), Il en précise le motif : « … car la terre est emplie de rapine » (כי מלאה הארץ חמס), expression dont les initiales forment l’acronyme חכמה (« sagesse »), explique le Ari-zal. Les hommes la possédaient alors si intensément qu’ils influaient sur les règnes animal et végétal, et qu’ils détenaient le pouvoir de modifier la nature de la vie elle-même.

L’arc-en-ciel est un demi-cercle se déployant d’un bout à l’autre de l’horizon, et c’est exclusivement lorsqu’il répond à cette description que nous pouvons prononcer la bénédiction de circonstance (Ramban, Beréchith 9, 12). Pour le Zohar, offrant l’unité d’un septuple rayonnement, l’arc-en-ciel figure la lumière émanant de la Face de Hachem, et les sept couleurs de son spectre correspondent en quelque sorte aux sept Attributs divins. C’est parce qu’il symbolise ainsi Sa Présence qu’il nous est enjoint de ne pas le contempler avec insistance. Le demi-cercle qu’il forme nous renvoie à l’autre demi-cercle, unique, censé le compléter, et nous rappelle, d’en Haut, que nous ne pouvons dévier du droit chemin et de l’objectif qu’Il a assigné à Sa création. Nous seuls avons vocation à compléter ce cercle qui, une fois « entier », marque l’harmonie qui nous unit à notre Créateur, et la bonté avec laquelle Il nous maintient sous Sa veille attentive.

Rav Roth-Lumbroso

Kumzitz avec Rav Hilel Paley

Written by admin on 10 septembre 2012. Posted in Articles

Le secret des deux Nouns renversés

Written by admin on 5 juin 2012. Posted in Articles

Deux versets, un livre entier…

La section de Beha‘alothekha est marquée, dans les rouleaux de la Torah, par une particularité scripturaire largement commentée dans nos sources. Le paragraphe formé des versets 35 et 36 du dixième chapitre de Bamidbar, est introduit et suivi d’un noun renversé , et se retrouve ainsi séparé de ce qui le précède et lui succède :

« Ce fut, lorsque l’arche partait, Moché disait : “Lève-Toi, Hachem, et que Tes ennemis soient dispersés, et que fuient ceux qui Te haïssent de devant Toi !” Et quand elle faisait halte, il disait : “Reviens, Hachem, [parmi les] myriades des milliers d’Israël !” »

Cette singularité est expliquée dans le traité Chabbath (116a) : Selon une première opinion, ce paragraphe n’est pas à sa place, laquelle serait plutôt dans la paracha de Bamidbar, qui relate les déplacements de l’arche. Pour Rabbi, en revanche, il est à sa place, mais il équivaut à un livre de la Tora à lui seul. Le ‘houmach Bamidbar est ainsi formé de trois parties, et la section de 85 lettres comprise entre les deux noun renversés est donc la deuxième d’entre elles. Suivant un troisième avis, cette spécificité graphique est destinée à marquer une séparation entre le premier et le deuxième malheurs ayant fait suite aux défaillances d’Israël. Quel est le premier ? « Ils partirent de la montagne de Hachem » (10, 33), signifiant, pour nos Maîtres, qu’« ils se détournèrent de Lui». Et quel est le deuxième ? « Le peuple fut comme gémissant… » (Bamidbar 11, 1).

Dans la première partie du livre de Bamidbar, juste après avoir reçu la Tora, les enfants d’Israël avaient atteint un niveau spirituel qui les rendait aptes à entrer en Terre promise. Sur le verset susmentionné : « Ils partirent de la montagne de Hachem pour un chemin de trois jours… », le Sifri explique en effet qu’ils ont alors parcouru en un seul jour un trajet qui aurait dû en durer trois, car Il voulait les introduire immédiatement dans le pays. Mais en s’empressant de quitter la montagne, ils se sont comportés comme « un jeune enfant qui s’enfuit de l’école ». Ce faisant, ils ont amorcé leur séparation d’avec Hachem. Et dans la troisième et dernière partie de Bamidbar, « le peuple fut comme gémissant », et il a accru cet éloignement.

Il fallait donc un paragraphe indépendant pour marquer une pause entre ces deux malheurs, ou plus exactement, une entité médiane nous informant que Hachem peut revenir vers nous : « Reviens, Hachem, [parmi les] myriades des milliers d’Israël ! »

Commencer de se plaindre, de « gémir », c’est entrer dans un cercle vicieux, c’est entamer un cycle infernal qu’il faut interrompre au plus vite, sous peine de s’éloigner de Hachem sans retour. Mais comme nous le montre cette section de deux versets, même si nous avons commencé de quitter la voie divine, nous pouvons, par nos actes, « ramener » Sa Présence parmi nous, comme lorsque l’arche sainte nous accompagnait. Son propitiatoire était surmonté de deux chérubins qui, lorsque leurs visages étaient dirigés l’un vers l’autre, montraient que Hachem était tourné « vers nous » et nous était favorable. A l’inverse, après que nous nous sommes éloignés de Lui, les deux noun se sont « renversés » et se sont dirigés vers l’extérieur, marquant qu’Il a alors écarté de nous Sa face, jusqu’au moment où, en réponse à notre repentance, selon le Zohar, ces deux lettres symbolisant Son honneur se retourneront et s’orienteront vers nous. Faisons tout notre possible pour hâter l’avènement de ce grand jour ! Amen !

Rav Dov Roth-Lumbroso

Chavou’oth : « Comment capter les voix célestes »

Written by admin on 15 mai 2012. Posted in Articles

La période de Pessa’h à Chavou‘oth constitue sous certains aspects une seule et même fête (telle est d’ailleurs l’opinion de Ramban), au fil de laquelle, affranchis de l’esclavage considéré sous toutes ses facettes, y compris les plus modernes, nous nous préparons fébrilement à recevoir la Tora, qui nous permettra de canaliser et d’exploiter à bon escient notre liberté recouvrée. Comme nous l’avions développé dans notre dernier article, cette expectative apparaît dans toute sa vigueur dans le décompte du ‘omèr auquel nous procédons quotidiennement pendant ces sept semaines, et que nous introduisons par la bénédiction : « Béni es-Tu, Hachem […] qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné le décompte du ‘omèr ». Or, cette formule est surprenante puisqu’en réalité, nous ne « comptons » pas le ‘omèr, mais les jours qui nous séparent de l’offrande du même nom (qui était présentée le lendemain de la fête de Pessa‘h – c’est-à-dire de son premier jour). Logiquement, nous devrions donc plutôt dire : « … qui nous a ordonné le décompte des jours du ‘omèr ».

Ce terme ‘omèr est à rapprocher de me‘amèr, qui désigne l’un des trente-neuf travaux interdits le Chabbath, incluant tout geste lié à la récolte comme la mise en gerbes ou en balles, l’amoncellement en tas de fruits tombés ou leur réunion dans un panier.

Comme nous l’avions vu, compter le ‘omèr, c’est se démarquer de la conduite de l’enfant dont les actes, marqués par l’incohérence et l’irrégularité, ne se fondent pas en un tout homogène. Au contraire, au fil de ces semaines de supputation, nous « grandissons » et devenons majeurs en nous appliquant à faire fusionner des chiffres en un seul nombre, à unir nos actes en un ensemble harmonieux, dirigé vers un seul but : la réception de la Tora. De Pessa‘h à Chavou‘oth, nous devons chaque jour « amasser » et « entasser » notre yech (יש), à savoir notre potentiel spirituel et intellectuel, notre être authentique – dont la valeur numérique (310) est identique à celle du mot ‘omèr (עמר), nous préparant ainsi à recevoir, cette année encore, la Tora, et à percevoir les bruits qui, ayant retenti au mont Sinaï en présence des enfants d’Israël, continuent de se répandre, bien que, superficiellement, nous ne les captions pas. La Tora atteste en effet (Chemoth 20, 15) : « Et tout le peuple voyait les sons et les flammes, et le son du chofar et la montagne fumante – le peuple vit ; ils se déplacèrent, ils se tinrent debout de loin. »

Nos ancêtres « virent » ces voix et ces sons qui étaient alors d’un tel degré de réalité qu’ils continuent d’exister sous leur forme visible. Il nous incombe de les détecter en faisant fi des bruits ambiants, des vrombissements générés par notre attachement à la superficialité et à l’inanité. Tout comme, pour capter les ondes qui nous entourent sans que nous les voyions, nous avons besoin d’un poste récepteur – d’une radio, d’un téléphone… – sachons nous relier aux « ondes » du don de la Tora pour être en mesure de la recevoir à Chavou‘oth. Souhaitons-nous donc de retenir les valeurs dignes d’attention et d’abandonner celles ne méritant que l’indifférence ; de nous appliquer, en cette période, à les réunir et à les « mettre en gerbes » pour être capables de voir ce qui est normalement entendu et pouvoir ainsi, à l’instar de nos ancêtres au mont Sinaï, recueillir la Tora de la manière la plus authentique, pour la mettre en pratique !

Rav Dov Lumbroso-Roth

Le décompte du ‘omèr, ou de la prime enfance à la maturité

Written by admin on 25 avril 2012. Posted in Articles

Le décompte du ‘omèr, ou de la prime enfance à la maturité

Le deuxième jour de Pessa‘h – 16 nissan – nous entamons le décompte des quarante-neuf jours du ‘omèr, aboutissant à Chavou‘oth.

Cette supputation nous a été enjointe par Hachem (Wayiqra 23, 15) : « Vous compterez pour vous – du lendemain de la fête, du jour où vous aurez apporté le ‘omèr du balancement – sept semaines ; elles seront complètes. »

Expliquant les motifs des commandements et leurs modalités d’application, le Séfèr ha-‘Hinoukh commente ainsi cette mitswa : Le principe vital d’Israël est la Tora, en vue de laquelle ont été créés le ciel, la terre, et Israël lui-même, comme Dieu l’a attesté (Yirmeya 33, 25). Telle est la raison pour laquelle il a été délivré de l’Egypte ; afin d’accepter la Tora au mont Sinaï et d’observer ses commandements, comme Hachem l’a signifié à Moché au Buisson ardent (Chemoth 3, 12) : « Quand tu feras sortir le peuple de l’Egypte, vous servirez Dieu sur cette montagne. »

La Tora étant le principe vital en vertu duquel nous sommes devenus Son peuple, il nous est enjoint, dès le lendemain de Pessa’h – jour de notre libération de l’esclavage, et par là même, de notre « naissance » nationale – de compter les jours et les semaines nous menant à Chavou‘oth, anniversaire du don de la Tora. Ces sept semaines représentent donc la période de notre « maturation », depuis notre émergence jusqu’à notre engagement à respecter l’alliance qui a conditionné notre existence.

Autrement dit, cette époque nous a permis de passer de l’enfance à l’âge adulte.

En hébreu, le mot gadol désigne le « grand », mais aussi la personne « majeure », désormais capable d’organiser sa vie avec constance et cohérence. Gadol est issu de gad, qui dénote la continuité. En cela, il s’oppose au qatan – « petit » – dérivé de qat, connotant la qit‘iyouth, la « fragmentation » et la discontinuité.

La vulnérabilité de l’enfant ne réside pas tant dans l’immaturité intellectuelle ou rationnelle que dans l’incapacité à la persistance dans les actes et pensées, dans les humeurs et l’aptitude décisionnelle. A l’inverse, l’adulte s’attache à imprimer une stabilité à sa vie et une cohérence à ses actes, pour leur conférer une consistance et une valeur. Car un acte louable, mais isolé et sans lendemain, ne compte guère, et les grandes décisions restées sans suite ne résistent pas à l’érosion du temps.

Etre gadol, c’est donc être capable d’unifier et d’harmoniser tous les instants de notre vie, et de les faire fusionner en authentiques réalisations, en une expérience cohérente et édifiante.

De même le fait de « compter » revient-il à transformer des chiffres en un nombre, à « souder » des unités distinctes en un même faisceau. En « comptant » les jours du ‘omèr, nous les plaçons dans une même progression menant au but exclusif de notre naissance, et sur laquelle nous acquérons la maturité nécessaire pour accepter dûment la Tora.

Compter les jours depuis Pessa’h jusqu’à Chavou‘oth revient à prendre conscience de ce que doit être notre véritable « émancipation » – selon les deux acceptions de ce terme : notre passage de l’esclavage à la liberté, et celui par lequel nous quittons notre statut de qatan (« mineur ») pour assumer de notre propre chef notre acceptation de Son alliance.

Profitons donc de cette période pour y poser les jalons indispensables à l’acquisition de notre « majorité », pour y devenir des adultes, capables de nous diriger nous-mêmes dans la vocation qui est celle de notre peuple !

Rav Roth-Lumbroso

L’ultime épreuve

Written by admin on 14 novembre 2011. Posted in Articles

L’influence du passé…

Written by admin on 3 novembre 2011. Posted in Activités, Articles